
Des anthropologues A l'institut paul Bocuse
Notre rencontre avec Kader (Chani et Léna)
Un samedi en fin de matinée, alors que nous sommes devant la boutique en attendant la fin des cours*, une pluie fine, mais drue se met à tomber. Nous nous abritons sous le porche d’une entrée d’immeuble, lorsqu’un homme vient nous voir. Il se présente comme SDF, vivant sur les lieux depuis de nombreuses années, connaissant tout du quartier. Et en effet, il nous fait une petite visite de la rue, ou plutôt l’impasse où se trouve la boutique, nous nommant les personnes qui travaillent dans les autres boutiques, nous donnant des explications quant à la présence des gargouilles sur les murs de la cathédrale. Kader parait étonné que l’on ne nous permette pas d’entrer à l’intérieur de la boutique, et se précipite à l’intérieur pour demander un café et qu’on nous « mette à l’abri ».
*Plusieurs ateliers ont lieu en même temps, les personnes sortent donc au « compte-goutte »
Nous discutons avec Kader alors qu’une dame d’une soixantaine d’années arrive, abritée sous un parapluie multicolore. Kader se dirige vers elle, les deux discutent, puis la dame se dirige vers nous :
« - Alors vous travaillez sur l’église ?
- Non ! Sur la boutique et les cours de cuisine !
- Ah, eh bien moi je n’y mets plus les pieds ! »
Intriguées et mues par une curiosité toute particulière pour cette remarque d’un intérêt ethnographique certain, nous l’interrogeons sur ses raisons.
« - Eh bien vous voyez, ils ont des confitures avec des grosses prunes rondes comme ça, eh bien figurez-vous qu’ils appellent ça les « couilles du Pape », et j’estime que par respect pour les couilles de notre Très Saint Père, ils auraient pu trouver un autre nom ! Alors vous leur dites, ou vous ne leur dites pas, mais moi je n’irai plus là-bas ! Sur ce ! »
Puis elle s’en va et entre par une porte dérobée dans la cathédrale.